Lecture : 10 livres érotiques à dévorer cet été.
Parce que les romans coquins ne sont pas réservés à l’unique usage des hommes, voici une sélection de livres dédiés à l’érotisme vu (et vécu !) par les femmes.
« La Vie Sexuelle de Catherine M. » de Catherine Millet
En 2001, la presse française est en émoi. La directrice du respectable magazine d’art contemporain Art Press, Catherine Millet, publie un ouvrage où elle évoque, avec un naturel désarmant, sa sexualité débridée. « Jusqu’à ce que naisse l’idée de ce livre, je n’ai jamais trop réfléchi sur ma sexualité. J’étais toutefois consciente d’avoir eu des rapports multiples de façon précoce, ce qui est peu coutumier, surtout pour les filles, en tout cas dans le milieu qui était le mien. J’ai cessé d’être vierge à l’âge de dix-huit ans – ce qui n’est pas spécialement tôt – mais j’ai partouzé pour la première fois dans les semaines qui ont suivi ma défloration » : dès les premières pages, la couleur est annoncée. Malgré les innombrables récits de pénétration et de préliminaires divers et variés, rien n’est obscène. Et ce grâce à la plume experte deMillet, dont le style limpide défend un véritable positionnement existentiel, que l’on a souvent tendance à oublier, même au XXIe siècle : faire ce qu’on veut de son cul.
La Vie Sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet, 2001, Points.
« Fifty Shades of Grey » de E.L. James
Oui, on en a marre de Fifty Shades of Grey, et l’on nous a beaucoup trop rebattu les oreilles avec son adaptation sur grand écran. Mais ce n’est pas une raison pour renier ce qui a relancé l’érotico-chick litt. Le pitch a souvent été copié depuis, mais rarement égalé : la jolie et naïve étudiante en lettres Anastasia Steele tombe sous le charme du beau et riche entrepreneur Christian Grey. Après un premier rendez-vous professionnel peu excitant, ils vont se séduire et la température monter… Amateurs de SM, de bluette sentimentale, de mommy porn, de sitcom… C’est pour vous, d’autant plus qu’il existe désormais un quatrième tome, qui laisse la parole à ce grand manipulateur de Christian Grey.
Cinquante Nuances de Grey de E.L. James, 2012, JC Lattès.
« Emmanuelle » d’Emmanuelle Arsan
Derrière le pseudonyme d’Emmanuelle Arsan se dissimule (avec une certaine malice) la romancière et comédienne Marayat Rollet-Andriane, qui s’est inspirée de sa propre vie pour écrire ce roman iconique de la littérature érotique, immortalisé au cinéma par Sylvia Kristel. Elle y raconte les aventures sensuelles d’une jeune Française qui a suivi son diplomate de mari à Bangkok, y rencontrant son mentor sexuel Mario… Une héroïne qu’on se plaît à suivre dans tous ses plaisirs sur plusieurs tomes, qui, ici et là, se permettent des réflexions sur les croyances de l’homme. Exemple : « Essayez donc de penser à Dieu pendant que vous jouissez ! La religion a été inventée par des gens qui ne savaient pas faire l’amour. » CQFD.
Emmanuelle d’Emmanuelle Arsan, 1959, Belfond.
« L’Amant de lady Chatterley » de David Herbert Lawrence
Lorsque Clifford Chatterley revient handicapé de la guerre, son épouse Constance doit faire face à la tristesse et au cynisme de son mari. Celui-ci l’incite même à prendre un amant si elle le souhaite, sans se douter qu’elle va s’abandonner toute entière à son garde-chasse, le brut de décoffrage Mellors. Avec lui, elle va découvrir toute l’amplitude de sa sensualité… Au-delà de la dimension érotique du livre, une réflexion subtile sur les conventions sociales britanniques obsédée par l’étiquette, une vision de la nature d’un romantisme qui rappelle les belles heures de la littérature du XIXe siècle. Culte.
L’Amant de lady Chatterley de David Herbert Lawrence, 1928, Folio.
« Histoire d’Ô » de Pauline Réage
En réalité, Histoire d’Ô doit son existence à une certaine Dominique Aury. Encore une femme qui écrit sous pseudonyme… En effet, l’année 1954 n’était pas encore prête à recevoir publiquement les émois sexuels d’une jeune femme enfermée (de son plein gré) dans un château de Roissy où elle est dressée pour faire plaisir – mais en recevoir aussi, même si, entre les coups de fouet et le sexe percé d’anneaux, ce n’est pas si facile de s’abandonner à la jouissance. Entre sadomasochisme et quête d’absolu, un roman qui fit grand bruit et qui, encore aujourd’hui, reste scandaleux.
Histoire d’Ô de Pauline Réage, 1954, Livre de Poche.
« La Femme de papier » de Françoise Rey
La littérature épistolaire au service du sexe ? La narratrice de ce roman y croit, d’autant plus que sa liaison avec son bel amant appartient au passé. Racontant comment elle a ressenti leurs rapports sexuels, ses missives enflammées vont raviver la passion… Étrangement, si ce récit est résolument érotique, volontiers cru (à ne pas mettre entre toutes les mains) et voué à l’excitation, il apparaît parfois vaguement niais et surtout très attendu. Trop sérieux, sans doute, dans l’approche de cette personnalité féminine qui, en brandissant le panneau « interdiction d’aimer », ne demande qu’à l’être…
La Femme de papier de Françoise Rey, 2010, Pocket.
« Baise-moi » de Virginie Despentes
On vous prévient d’emblée, ce n’est pas le meilleur roman de Virginie Despentes. Mais, au milieu de ce tohu-bohu de violence, de sexe, d’alcool, de crime et de sang, il y a quelque chose ici qui prédit King Kong Théorie. Les personnages de Manu et Nadine vivent en dehors des limites qu’on leur impose, et qui décident de tuer ceux qui osent croiser leur chemin, d’une manière ou d’une autre. L’écriture est là, la réflexion sur le viol aussi. On pense à ces mots de Manu après une agression subie : le sexe féminin, « c’est comme une voiture que tu gares dans une cité, tu laisses pas des trucs de valeur à l’intérieur parce que tu peux pas empêcher qu’elle soit forcée. Ma chatte, je peux pas empêcher les connards d’y rentrer et j’y ai rien laissé de précieux. » Dérangeant, souvent gratuit, mais à nous d’y voir le meilleur à venir.
Baise-moi de Virginie Despentes, 2000, J’ai Lu.
« Beautiful Bastard » de Christina Lauren
À l’origine, il s’agit d’une fanfiction baptisée The Office mettant en scène un patron aussi méchant que sexy, Bennett Ryan, et sa sublime assistante Chloé Mills, femme de tête qui n’est pas décidée à se laisser faire. Et pourquoi pas tirer le meilleur parti professionnel de leur alchimie sexuelle ? Les tomes suivants (Beautiful Stranger, Beautiful Beloved, etc.) imaginés par Christina Lauren sont construits avec d’autres héros, d’autres villes et d’autres situation mais revient toujours le même cœur du sujet : une liaison érotique entre un homme et une femme. Distrayant.
Beautiful Bastard de Christina Lauren, 2014, Pocket.
« Contes Pervers » de Régine Deforges
L’auteur de la Bicyclette Bleue n’a pas attendu ce recueil de petites histoires sexuelles pour briller dans les scènes olé-olé, qui font partie de sa littérature. Or, ici il ne s’agit que de cela : conter, donc, la sexualité débridée, les fantasmes insolites, parfois étranges ou même malsains, d’Europe en Asie. Contrairement à nombre d’auteurs purement érotiques, la scandaleuse éditrice qu’était Régine Deforges a une plume remarquable, et l’on se laisse prendre – uniquement du point de vue de la lecture – par ses brefs récits voluptueux.
Contes Pervers de Régine Deforges, 1982, Livre de Poche.
« La soumise » de Tara Sue Me
Suite au succès de Cinquante Nuances de Grey, il fallait s’attendre à ce que la formule gagnante soit reprise ailleurs. Bingo, l’Américaine Tara Sue Me s’y est collée. La jeune et naïve bibliothécaire Abby King fantasme sur Nathaniel West, un riche homme d’affaires, depuis des années. Lorsqu’elle apprend qu’il est branché SM, elle va lui proposer ses services de « soumise ». Rendez-vous pour des weekends où, forcément, celle qui obéit aux ordres n’est pas forcément la moins dominante. Rien de fou, mais cela fait passer le temps quand on a terminé les dernières aventures de Christian Grey…
La soumise de Tara Sue Me, 2014, Marabout.
SOURCE: vanityfair
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