“Dany Laferrière, un pentagramme au firmament de l’Académie française”
“Dany Laferrière, un pentagramme au firmament de l’Académie française”
Le pentagramme est le symbolisme le plus approprié, magique et poétique capable de dessiner le calligramme des cinq premières années de Dany Laferrière au sein de l’Académie française, prestigieuse institution littéraire fondée en 1634 et officialisée en 1635 par le cardinal de Richelieu, dont la fonction consiste à assurer la bonne santé de la langue et de la culture françaises. Le pentagramme, cette étoile à cinq branches, avec sa haute dimension ésotérique, nous permet de retracer en cinq points lumineux l’itinéraire de l’immortel Dany Laferrière : son enfance à Petit-Gôave, l’écrivain des fortes sensations, le verbe, le rire et l’humour laférriens, sa passion pour Legba et l’Académicien de Vertières.
L’enfance revient toujours dans l’oeuvre de Dany Laferrière, à travers ses pages ensoleillées, son parfum anime nos narines de poésie, de nostalgie, de baisers, de subtilité comme ces fourmis si laborieuses qui n’ont pas de syndicat qu’il observe devant la galerie de grann Da. Dany Laferrière a bien compris que l’enfance est l’âge du coeur, véritable source d’émotions, de sentiments et de souvenirs indélébiles parce qu’elle détermine toute la vie d’un homme. Le sceau de l’enfance sur les pages de ses romans comme: l’odeur du café et le charme de ses après-midis sans fin, donne à ses lignes un goût de pleine lune et la saveur magique du café des palmes. Dany utilise sa corde ombilicale pour apporter de la rosée sur les bourgeons en sueurs des lecteurs du monde entier. Son enfance, malgré la dictature de papa Doc, est un ciel coloré, bigarré, peuplé d’oiseaux, un univers féerique crachant des étincelles de rêve et de bonheur.
Sur la couverture de la marmite de son enfance on peut voir des gouttelettes de café qui nous invitent à Petit-Goave pour admirer la mer, le charme des après-midis sans fin, sous le regard d’un soleil qui ressemble à un disque d’or. La douce chaleur de son enfance est orgasmique. Elle jette des confettis sur les paupières des étoiles en toilette légère et sur le ventre de la pleine lune en période de gestation.L’amour et son enfance ne font qu’un et cette magnifique symbiose a fait germer sur sa plume d’écrivain de petits bouts d’éternité.
Dany Laferrière est un ouvrier de mots qui voit la littérature, comme l’affirme son ami-écrivain Pierre Clitandre, *”Une alchimie de parole qui peut provoquer une thérapie collective.”* En lisant l’immortel Laferrière, on en déduit qu’écrire c’est creuser le plus profond que possible en soi tout en gardant une certaine simplicité esthétique pour ne pas couper la gorge aux lecteurs. Cette intelligente stratégie d’écriture dirige l’auteur de l’Enigme du retour sur le chemin des fortes sensations et crée une complicité maladive entre celui-ci et son fidèle lectorat. Cette scène de profonde convivialité se répète un peu partout. A titre d’exemple à la 25e édition de livres en folie où il a été l’invité d’honneur, et dans les différents salons et festivals du livre à travers le monde. Il n’y a point de cloison étanche entre le Dany qu’on rencontre dans la solitude et l’intimité de notre chambre, par le biais d’un de ses romans et celui qu’on assiste à travers les prises de parole en public.C’est toujours un plaisir exquis et abyssal, une ivresse de joie.Généralement les écrivains cultivent dans leur cuisine de création de très fortes sensations en vue de mettre à plein rendement le moteur de leur imaginaire. Cependant, chez Dany cela a une teneur et un voltage démesurés. Et c’est pourquoi il crie à haute voix: *”Je vis comme j’écris.”*
Le verbe, le rire et l’humour laférriens forment une trilogie existentielle pour laquelle la toile s’enflamme. Être en présence de Dany sans qu’il n’y ait pas des éclats de rire issus de son âme d’écrivain et du côté de son auditoire, c’est frôler l’absurdité. Le verbe et le rire laférriens exhalent un parfum de bonne humeur et laissent l’assistance suspendue, ébahie à sa phraséologie pimentée d’un amour viscéral pour la langue de Victor Hugo. Avec son verbe, son fou rire et son humour, il nous raconte passionnément les kilomètres de lecture qu’il a parcourus à travers les livres de Jorge Luis Borges, Jacques Stephen Alexis, Charles Burkowski, Davertige ect…
Dany nous dit souvent avec une pointe d’humour qu’il est un lecteur qui écrit et c’est pour cette raison qu’il y a dans ses livres toutes ces couleurs éclatantes, tous ces colliers, tous ces orgasmes et ces rires. D’ailleurs il compare le métier d’écrivain à celui d’une cuisinière. Donc, pour que le lectorat puisse faire une bonne digestion du livre qu’on lui sert sur la table de lecture, il doit être ponctué de rires, d’humour, de passion. C’est là le grand secret de Dany Laferrïère.
Legba, dieu des portails du vaudou haïtien ne laisse pas indifférent l’immortel Laferrière. Il se dresse toujours devant sa case d’écrivain jusqu’à ce qu’il devienne chez le petit fils de grann Da une véritable obsession à cause de ses empreintes sur le monde visible et invisible. Dany Laferriere en évoquant le nom de Legba et son grand pouvoir dans son discours le jour de sa réception à l’Académie française, le 28 mai 2015, est un signe mystique qui montre son profond attachement à la culture de son pays d’origine Haïti. *”Legba nan baryè a se li ki pote drapo, se li kap pare solèy pou lwa yo”*.Legba, dans notre vaudou, est un grand leader, un véritable rassembleur qui canalise les loas dans le monde visible et invisible. Dans le visible, le palpable, le concret, il permet aux autres loas d’incarner dans l’âme et la chair des vivants afin qu’ils puissent accomplir des exploits surhumains tels que: l’élection de Dany Laferriere à l’Académie française, le relèvement du peuple haïtien après le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010 et surtout la grande victoire de nos ancêtres lors de la bataille de Vertières le 18 novembre 1803 où Legba a ouvert le portail sacré des Ogou qui sont des loas de la guerre, pour injecter dans les veines de nos héros l’énergie de la liberté. Dany nous dit à maintes reprises:”Si tu ne connais pas le vaudou , le vaudou te connaît”.
**Vertières”* est un mot, un espace mythique et historique qui fait luire de mille feux le soleil légendaire de la fierté haïtienne. L’académicien Laferriere a eu à cœur ce petit bout de terrain issu des entrailles de la deuxième ville d’Haïti, le Cap-Haïtien. Selon le point de vue de l’écrivain canado- Haïtien : *”Vertières est ce petit lieu qui a vu la seule et la vraie révolution nègre”* Membre de la commission du dictionnaire de l’Académie française, Dany Laferriere a pu obtenir l’introduction le nom de ce lieu historique et symbolique dans le prestigieux dictionnaire de l’Académie française. Pour un bon nombre d’haitiens cet acte plein de sens et de lumière est la deuxième et la dernière victoire de la bataille de Vertières . Cette dernière branche que comporte la palette du pentagramme de Dany Laferriere au firmament de l’Académie française est une ambroisie qui bonifie le vin de son quinquennat intemporel et immortel.
Widly JeanPoète – Écrivain
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