Depuis quelques semaines, des événements climatiques extrêmes ont frappé divers endroits du globe, de Brésil à Dubaï, en passant par la Chine, l’Afghanistan, le Kenya et les Philippines. Des inondations meurtrières et des températures record ont été enregistrées, soulignant l’impact du changement climatique.
Les médias relaient des images dévastatrices de ces catastrophes, touchant des centaines de milliers de personnes et causant des dommages considérables aux récoltes et aux infrastructures. Bien que ces événements ne soient pas tous directement attribuables au réchauffement climatique, ils surviennent dans un contexte de perturbation climatique croissante, exacerbant la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes.
« Les récentes précipitations extrêmes correspondent à ce que l’on prévoit dans un climat de plus en plus chaud », déclare Sonia Seneviratne, membre du Giec, le groupe d’experts climatiques de l’ONU, à l’AFP. Elle souligne que, malgré les fluctuations naturelles telles que le phénomène El Niño, l’augmentation à long terme des fortes précipitations est attribuable au changement climatique causé par les activités humaines.
L’ombre du changement climatique plane sur Dubaï et le Brésil. La science de l’attribution, développée en 2004, permet d’examiner de manière spécifique l’impact du changement climatique sur ces événements extrêmes. Le réseau World Weather Attribution (WWA), pionnier dans cette approche depuis 2014, a conclu que les fortes pluies qui ont frappé Dubaï en avril, ainsi que les Émirats arabes unis et Oman, ont été « très probablement » exacerbées par le réchauffement climatique. À Dubaï, l’équivalent de deux années de pluie est tombé en une seule journée, battant tous les précédents records de précipitations.
Les Émirats arabes unis et Oman se trouvent dans une région considérée comme hyper-aride, où les précipitations sont généralement très rares. Cependant, il existe une grande variabilité d’une année à l’autre, en partie due à El Niño. Selon les experts du WWA, l’événement d’avril 2024 a été 10 à 40 % plus intense que s’il s’était produit pendant une année El Niño, dans un climat plus frais de 1,2°C, correspondant au réchauffement depuis l’ère préindustrielle. Bien que des spéculations aient suggéré l’ensemencement des nuages, les scientifiques affirment que cette pratique n’a pas eu d’influence significative sur l’événement.
ClimaMeter, un outil développé par le laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) pour attribuer rapidement les événements météorologiques extrêmes, estime que les inondations au Brésil peuvent principalement être attribuées au changement climatique d’origine humaine, avec une augmentation des précipitations de 15% dans l’État du Rio Grande do Sul. En revanche, en Chine, les inondations ont probablement été influencées à la fois par le changement climatique d’origine humaine et par la variabilité naturelle, selon les constatations des scientifiques.
Avant les récentes inondations, l’hémisphère Sud a été accablé par des vagues de chaleur extrêmes, obligeant même à la fermeture d’écoles. À nouveau, plusieurs études d’attribution menées par le WWA ont permis d’examiner précisément l’impact du changement climatique sur ces événements. Par exemple, en Asie, la vague de chaleur de cette année aurait été « impossible » aux Philippines sans la crise climatique, et elle a été cinq fois plus probable en Asie du Sud et de l’Ouest en raison du changement climatique. En Inde, la chaleur extrême a été rendue 45 fois plus probable, et en Israël et en Palestine, cinq fois plus probable. Les chercheurs soulignent que cette chaleur extrême a aggravé les conditions de vie de 1,7 million de personnes déplacées à Gaza.
À la fin de mars et au début d’avril 2024, une région du Sahel, notamment au Sénégal, en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria et au Tchad, a été touchée par une chaleur extrême, avec des températures maximales dépassant les 45°C (48,5°C au Mali) et des températures minimales de 32°C au Burkina Faso. Le WWA affirme que cette vague de chaleur, qui a frappé une population déjà très vulnérable à la fin du Ramadan, n’aurait pas eu lieu sans le changement climatique. Il avertit également que ces tendances se poursuivront avec le réchauffement futur, soulignant ainsi l’importance de mettre en place des politiques d’adaptation pour renforcer les infrastructures critiques telles que les systèmes d’électricité, d’eau et de santé.
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