Deux ans après la fin de Dark, un captivant labyrinthe en trois saisons, Jantje Friese et Baran bo Odar reviennent avec un nouveau projet, tout aussi insaisissable, centré autour d’un bateau de migrants. 1899, sur Netflix, est prodigieuse.
En 2017, le monde découvrait, médusé et un brin perdu, la première saison de Dark. Ce drame allemand sorti de nulle part s’annonçait au premier abord comme une énième histoire de disparition d’enfants. Et puis, au fil des épisodes, la série s’est imposée comme l’une des meilleures sagas fantastiques jamais produites. La création allemande made in Netflix embarquait ses spectateurs dans un dédale narratif à perdre la tête, avec une maîtrise impressionnante. Bourrée de créativité et de voyages temporels complexes, Dark s’est achevée avec une troisième saison convaincante, en 2020.
Alors autant dire que l’on attendait avec une immense impatience le nouveau projet de Jantje Friese et Baran bo Odar, le duo à l’origine de ce casse-tête jouissif. Notre attente a enfin été récompensée avec la sortie de 1899, disponible sur Netflix. Dans cette épopée tournée en plusieurs langues, vous embarquerez sur un bateau de migrants, en route pour New York et le rêve américain. Mais en chemin, le navire va découvrir un autre paquebot, le Prometheus, qui pourrait bien changer la vie de tous les passagers européens à bord…
Une tour de Babel en pleine mer
On ne change pas les bonnes vieilles habitudes : vous serez complètement largués en regardant 1899, comme vous avez probablement fait chauffer votre cerveau en regardant Dark. Mais promis, cette activation de neurones vaut largement le coup. Il serait difficile de vous résumer la série, sans spoiler le moindre élément important. Mais la première originalité de cette nouvelle création repose sur le multilingue. Dans 1899, les passagers du bateau Kerberos sont allemands, danois, français, chinois, anglais ou encore espagnols. Et chaque acteur s’exprime donc dans sa langue maternelle. Un tour de force relativement spectaculaire, qui donne à la série des similarités avec des œuvres cultes comme Sense8 par exemple.
Cette particularité, qui donne des airs de tour de Babel au navire, fonctionne plutôt bien. Malgré tout, quelques scènes incohérentes où le multilingue n’est pas toujours respecté viennent ternir l’ensemble. Les personnages ne se comprennent pas dans une séquence avant de parfaitement pouvoir tenir un dialogue ensemble dans les minutes suivantes. Un équilibre étrange, que l’on aurait aimé plus limpide. On vous déconseille d’ailleurs très fortement de regarder la série en version française (en fait, on vous l’interdit). Aucune langue d’origine n’a été conservée dans les doublages, ce qui provoque une perte de sens considérable dans les dialogues (testé et désapprouvé).
Ne pas se fier aux apparences
Mais le casting de 1899, totalement européen, a été choisi avec soin, et ça se voit. Chaque comédien et comédienne semble parfaitement à sa place, dans des rôles presque taillés sur mesure. Les fans de Dark reconnaîtront notamment le fameux « Stranger », en la personne d’Andreas Pietschmann. Il incarne ici le capitaine du Kerberos, un homme à fleur de peau, complètement détruit par un évènement traumatique. À ses côtés, Emily Beecham (Into the Badlands) compose le rôle central de Maura, une mystérieuse médecin. Leurs sensibilités s’accordent en harmonie, au cœur de ce casting choral qui révèle de nombreux talents internationaux.
On prend plaisir à suivre ces personnages au passé trouble, qui cherchent tous à fuir des situations trop lourdes à porter et espèrent trouver une forme de rédemption aux États-Unis. Une quête d’idéal mêlée à une narration fantastique éblouissante de maîtrise. Sur le Kerberos, chacun apprend qu’il ne faut surtout pas se fier aux apparences et que le rêve peut se transformer en cauchemar, en un claquement de doigts.
1899 est un curieux mélange
Dès le premier épisode, 1899 nous enveloppe de son atmosphère nébuleuse, sans jamais nous lâcher. Les compositions angoissantes de Ben Frost, qui avait d’ailleurs déjà officié sur Dark, complètent merveilleusement l’ensemble. Certains classiques du rock des années 1970 sont également convoqués, signalant chaque fin d’épisode tel un rituel envoûtant. En visionnant les 6 premiers épisodes (sur 8) de cette première saison, on pense souvent à Shutter Island ou à Westworld pour leur originalité énigmatique.
SOURCE NUMERAMA
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